Les collines boisées de Brethmas à la Tour.

 

À partir de Brethmas, le chemin descend dans un vallon puis remonte vers la tour, sur les rebords des champs les roches affleurent (Fig.1). Ce sont des limons argileux jaunâtres (Fig.2), sur et dans lesquels des blocs de grès calcareux jaunâtres sont disséminés (Fig.3). Ces dalles de grès ont été retirées des champs car elles gênaient le travail des agriculteurs.  A Brethmas et dans les collines boisées, la roche du sous-sol est formée de galets de calcaire arrondis soudés les uns autres, ce sont des poudingues[1] (Fig.4).

[1] Le poudingue est une roche sédimentaire composée de fragments arrondis (galets) agglomérés par un ciment naturel, souvent de grès, et contenant au moins 10% de galets, résultant d’un processus de transport et de dépôt dans des environnements fluviatiles ou littoraux.

Fig.1 Collines boisées bordant le chemin de la Tour.

Fig.2 Limons argileux jaunâtres

Fig.3 Bloc de grès en bordure d’un champ.

Fig.4 Poudingue dans le sous-bois d’une colline boisée.

Ces roches résultent du dépôt de sédiments, limons, argiles, graviers et galets de calcaire qui ont été transportés par des rivières souvent torrentielles alimentant un lac, peu profond, qui s’enfonçait lentement au cours de la formation du fossé d’Alès. Les graviers et les galets provenaient de l’érosion des reliefs de la bordure cévenole. Les poudingues et les grès sont des roches qui, s’érodant moins que les limons et les argiles, forment le sous-sol des collines boisées.

Ces roches se sont déposées au cours de la formation du fossé d’Alès qui résulte d’une période de distension ou d’étirement qui a fracturé les roches en place à partir de -35 à -34 millions d’années (Lien vers page Faille de Barjac et Fossé d’Alès).

La formation de ce fossé s’est réalisée en trois temps.

 Fig.5 Schéma explicatif de la formation du fossé d’Alès (non définitif)

Tout d’abord, l’étirement a fracturé les roches en place à partir de -35 à -34 millions d’années (1).

Puis la faille listrique d’Alès (en forme de pelle) a provoqué le décollement des roches de la bordure cévenole, entraînant leur glissement. Un demi-fossé s’est constitué, et des sédiments détritiques (galets, sable, argile) se sont déposés au fur et à mesure de son enfoncement formant aujourd’hui les assises de Célas (2).

La distension se poursuivant, un second système de failles, dit de Barjac, est apparu à l’est. Une épaisse formation (jusqu’à 1 000 m d’épaisseur) de sédiments détritiques : limons, argiles, graviers, galets calcaires, provenant des reliefs proches de la bordure cévenole, s’est déposée au fur et à mesure de l’enfoncement ou subsidence du fossé, formant aujourd’hui des grès, marnes et poudingues (3). L’ensemble de ces dépôts ont été transportés par des rivières souvent torrentielles alimentant un lac peu profond qui s’enfonçait lentement. Les graviers et les galets provenaient de l’érosion des reliefs de la bordure cévenole.

Fig.6 Carte des affleurements de marnes, grès et poudingues du fossé d’Alès avec la localisation des gisements de fossiles datés de -27 à -25 Ma.

Ces roches contiennent des gisements fossiles de vertébrés qui ont été identifiés par les paléontologues grâce à des éléments dentaires et crâniens (Fig.6). Ils ont déterminé qu’il s’agit de mammifères, rongeurs, chauves-souris, ainsi que de carnivores de la taille d’une martre actuelle, petits artiodactyles, ancêtres des rhinocéros et tapirs et mammifères périssodactyles[1]. Les autres vertébrés sont des amphibiens, des tortues, des serpents mais aussi des fragments de coquilles d’œufs et des dents de crocodiles.

Les espèces identifiées dans la faune sont différentes de celles des gisements des périodes géologiques précédentes. Les paléontologues parlent d’une grande coupure il y a 33,5 Ma. Elle est marquée par une chute des températures de l’ordre de 4 à 6°C et par l’extinction de nombreuses espèces animales et végétales. Les forêts tropicales humides sont repoussées vers la zone équatoriale, elles sont remplacées par une savane arborée ou alternent forêts et étendues herbeuses. De nouvelles lignées animales apparaissent annonçant les espèces connues actuellement.

[1] Les périssodactyles sont un ordre de mammifères ongulés caractérisés par un nombre impair de doigts sur leurs membres postérieurs, avec le poids supporté par le doigt médian, incluant notamment les chevaux, rhinocéros et tapirs.

Fig.7 Représentation d’un artiste Nicolas GAL de 3 animaux fossiles datés de 28 millions d’années : un écureuil volant, Acérathérium (ancêtre des rhinocéros), Amphicyon mammifère carnivore connu sous le nom de « chien-ours ».

Ce changement peut être attribué à différentes causes (Fig.8). L’ouverture de l’océan atlantique Nord qui permet aux eaux glaciales de l’Arctique de se déverser dans l’Atlantique. Mais surtout la diminution du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique qui a décliné lentement, sous l’effet de l’altération des roches des chaînes de montagnes, nouvellement formées, qui consomme du CO2. La séparation de l’Amérique du Sud avec l’Antarctique favorise la formation du courant marin circumpolaire autour de l’Antarctique. Il a causé un refroidissement rapide en empêchant les eaux chaudes d’atteindre l’Antarctique facilitant ainsi la création de glaciers sur un continent qui était précédemment recouvert de forêts. De nombreuses espèces endémiques ont disparu en raison de ce changement climatique. Elles ont été supplantées par de nouvelles espèces venues d’Asie. La baisse du niveau de la mer de plus de 50 mètres a favorisé les échanges entre les continents, permettant ainsi aux mammifères d’origine asiatique présentant des « caractères modernes » de migrer vers l’Europe.

Fig.8 : Paléogéographie, au moment de la grande coupure il y a 33Ma

La carte du monde a été construite à partir des données de Christopher Scotese .

Les rivières qui traversent la commune l’Avène et le Gardon d’Alès prennent leur source dans les Cévennes. Ce réseau hydrographique emprunte les vallées découpées dans les schistes cévenols puis les canyons creusés dans les calcaires des garrigues. Ouvrez la page relief des Cévennes au garrigues pour en comprendre l’origine.

Rédaction et cartes : Claudie HUGUET-CARMONA