Les affleurements de Terres rouges sont les témoins des plissements pyrénéens

Du sommet de la Coste, vous pouvez apercevoir vers l’Est une dépression, tapissée de terres rouges et jaunâtres.

Fig.1 Photographie aérienne du paysage situant les « Terres rouges »

 

Ces roches se sont déposées sur des roches formées, en milieu marin, il y a -130 millions d’années, pendant les plissements pyrénéens.

 

Le document ci-dessous (Fig.2) permet de situer ces évènements dans l’échelle des temps géologiques. Appréhender le temps en millions d’années est complexe, c’est pourquoi ce document met en perspective ce temps par rapport à une journée de 24h depuis la formation de la terre.

Fig.2 : L’échelle des temps géologiques en millions d’années situant les plissements pyrénéens

Cette roche est un mélange de sable et de marne[1] (Fig.3). Dans ces « Terres rouges » sont dispersées des conglomérats[2], composés de galets très volumineux qui forment le relief de la Coste (Fig.4). Ces galets sont issus de l’érosion des roches calcaires[3] qui se sont formées dans un environnement marin.

[1] La marne est une roche sédimentaire, mélange de calcite (CaCO3) et d’argile dans des proportions à peu près équivalentes variant de 35 % à 65 %

[2] Les conglomérats sont des roches formées de fragments de roches, galets, graviers, sable, agglomérés.

[3] Le calcaire est une roche sédimentaire facilement soluble dans l’eau et qui se compose principalement de calcite ou carbonate de calcium

Fig.4 Conglomérat, galets de calcaire soudés.

Sous la route de Deaux, au-dessus des « Terres rouges » repose une couche de calcaire gréseux qui s’érode. Dans les débris, on y distingue des fossiles de gastéropodes (escargots d’eau douce) et des empreintes internes de terriers d’animaux fouisseurs (vers, larves). Des animaux fouisseurs creusaient des terriers dans la boue, à leur mort, leurs galeries se remplissaient de sédiments qui finissaient par se solidifier.

Fig.5 Couche de calcaire gréseux et fossiles de gastéropodes et de terriers.

Fig.6 Image Google Earth avec localisation des affleurements « Terres rouges », conglomérats et fossiles

On observe actuellement le dépôt de galets issus des reliefs dans les chenaux de rivières en tresses qui s’entrelacent et se déplacent. Cela signifie qu’il y a 40 millions d’années, des galets issus des formations calcaires environnantes se déposaient dans les lits d’une rivière en tresse. Lors des inondations, les galets se répartissaient sur des surfaces étendues. La plaine alluviale, où les courants sont moins forts, était recouverte de fines particules d’argile. Leur teinte rouge, attribuée à la présence d’oxyde de fer, indique un climat chaud alternant saisons sèches et humides pendant cette période. Des indices montrent que ces chenaux fluviatiles conglomératiques ont une direction générale vers le nord/nord-ouest.

Fig. 7 Photographie d’une rivière en tresse descendant des Alpes.

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Un gisement remarquable de fossiles de mammifères a été découvert dans des roches similaires à Robiac, à l’est de Saint Mamert. Ce gisement est estimé à environ -38,7 Ma. Le site a fourni un nombre particulièrement élevé d’échantillons de « Lophiodon ». Cet animal ressemblait au tapir actuel, c’était le dernier représentant de son groupe, aujourd’hui éteint. Les espèces identifiées de la faune et de la flore indiquent que l’environnement forestier était chaud et humide durant cette époque géologique. La température moyenne mondiale était approximativement de 20°C, tandis qu’elle est actuellement de 15°C. Il semblerait que les ossements fossiles disloqués aient été transportés et se soient ensuite accumulés dans des zones marécageuses en bordure des chenaux de la rivière. Des spécimens fossiles provenant du site de Robiac sont présentés au Musée Garimont à Fons, dans la vitrine 2.

Fig.8 Dents de Lophiodon photographiées au Musée Garimont de Fons avec l’autorisation du conservateur.

Fig.9 Représentation d’un artiste Nicolas GAL: Lophiodon et tortue

Fig.10 Carte des affleurements des terres rouges et jaunes et gisement de Robiac

Il existe d’autres témoins de la présence de cette chaîne de montagnes.
Les plissements dans le calcaire, âgé de 150 millions d’années, de la falaise d’Anduze et les plis orientés est-ouest de grande d’amplitude, culminant à plusieurs centaines de mètres dans la zone des garrigues attestent d’une compression due à la formation de la chaîne Pyrénéo-provençale au Sud. De ces montagnes, dévalaient des rivières transportant des galets, du sable et des argiles qui se sont déposés dans les creux ou synclinaux des plis.

 

Photo à faire

Fig.11 Plissements dans la falaise d’Anduze

Fig.12 Carte géologique et coupe schématique des plis dans les garrigues.

L’ouverture de l’océan Atlantique Sud provoquait la remontée vers le nord de l’Afrique, la fermeture de l’océan Liguro-piémontais et la compression pyrénéenne. Cette compression atteint son paroxysme il y a 40 millions d’années. Elle est à l’origine des grands plissements dans les garrigues, de la surélévation des Cévennes d’environ 500 m. Cette poussée fait coulisser horizontalement de plusieurs km (environ 17 km) vers le Nord-Est l’ensemble des garrigues par rapport aux Cévennes, le long de la faille des Cévennes.

Fig.13 Schéma des Cévennes et des garrigues au moment des plissements pyrénéo-provençaux

Fig.14 Paléogéographie au moment des plissements pyrénéo-provençaux

Les cartes du monde et de l’Europe ont été construites à partir des données de Christopher Scotese et de l’ATLAS Péri-TETHYS.

A dessus des Terres rouges et jaunes, reposent les couches de calcaires de la Rouquette. Ouvrez la page suivante pour poursuivre l’histoire.

Rédaction et cartes : Claudie HUGUET-CARMONA