Le hameau de La Lègue ou de la Lèque ?
Le hameau de La Lègue était déjà habité dés le XVIIème siècle, on retrouve des actes de naissances et des avis de décès dans les registres paroissiaux. C’est par exemple la naissance d’Alexandre Dévèze qui y est attestée en 1687. On y apprend que Marie Crespon dit Robert y est née en 1731 fille d’André, métayer[1]. Plus tard, un dénommé Jean Martin y était arpenteur[2] en 1755. Mais c’étaient surtout des agriculteurs qui y résidaient, bénéficiant de terres fertiles, à proximité du Gardon. Cette activité renvoie à l’origine du terme. Le toponyme Lègue n’apparaît pour la première fois dans les registres qu’en 1843 avec la naissance de Virginie Billion, fille de Pierre, agriculteur. Jusqu’alors, le toponyme indiqué était la Lèque[3] qui vient probablement de lacus, un lac ou une zone humide. En occitan « léga » ou « lèga » signifie une bande de terre, souvent alluviale ou au bord d’un cours d’eau. Les deux origines confirment bien la réalité du hameau le plus plat et le plus exposé aux aléas climatiques. Le changement d’orthographe n’est sûrement pas dû au hasard, sous la Monarchie de Juillet (1830–1848), l’administration française a progressivement imposé une uniformisation linguistique, souvent au détriment de l’occitan ou des patois locaux[4]. De plus, le cadastre napoléonien qui date de 1807 n’a été effectué qu’en 1834 à Saint-Hilaire ; il se peut que Les services de l’État aient imposé une graphie plus française (Lègue), qui se serait propagée aux registres paroissiaux.
Un hameau d’agriculteurs.
Au début du XXème siècle, le hameau était moins étendu qu’aujourd’hui, mais il était beaucoup plus vivant. Il était essentiellement habité par des agriculteurs et des maraîchers. Les familles, enfants, parents et grands-parents, étaient regroupés au sein d’un même mas que l’on agrandissait au fur et à mesure des années. Les gens se retrouvaient le soir pour discuter lors de veillées qui, à la belle saison, se déroulaient à l’extérieur. Le hameau comptait deux ou trois familles de vignerons.
Il fut un temps où le hameau de la Lègue, situé en zone inondable, comptait bon nombre d’agriculteurs. Et puis, au fil des années, certains exploitants agricoles sont partis à la retraite sans passer la main, d’autres ont abandonné leur activité, trop difficile, et beaucoup de terrains sont aujourd’hui en friche, en fauchage ou dédiés à la culture du blé dur et du tournesol. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 2010, la commune enregistre une diminution de 65% du nombre d’exploitations agricoles, s’accompagnant d’une baisse significative de la surface agricole utile. La municipalité a souhaité redonner sa vocation première à cette plaine de 88 hectares, qui n’est pas constructible du fait de sa situation en zone inondable mais « très fertile », avec l’accord des 90 propriétaires des 225 parcelles, afin de favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs. A ce jour le projet tarde à se mettre en place.
Aujourd’hui, le hameau est le lieu d’implantation des Jardins familiaux ou collectifs biologiques, gérés par une association locale depuis janvier 2015. Les parcelles font 50 m². Les critères d’affectation définis dans le règlement intérieur des parcelles permettent une production destinée à la consommation familiale. L’association promeut un jardinage respectueux des principes de l’agriculture biologique. Les jardins familiaux reposent donc sur exploitation collective de plusieurs parcelles dans un but pédagogique, thérapeutique et d’insertion[5].
[1] L’année suivante il apparaît comme rentier dans les registres.
[2] Officier public expert des limites de propriété, spécialisé dans la mesure des terrains et des surfaces.
[3] Tous les actes d’État civil mentionnent la Lèque jusqu’en 1842, orthographe qui disparaît définitivement l’année suivante.
[4] La loi Guizot de 1833 impose à chaque commune de fonder une école primaire de garçons et d’y enseigner en français. Bien que les maîtres d’école puissent utiliser le patois pour traduire, l’objectif est clairement d’imposer le français comme langue de référence dès le plus jeune âge.
[5] https://sainthilairedebrethmas.fr/associations/les-jardins-familiaux-biologiques-de-st-hilaire-de-brethmas/