Tribies, au fil de l’Avène : histoire d’un moulin cévenol.

La rivière Avène a fait fonctionner deux moulins sur la commune : le moulin du juge (1km plus en amont) et le moulin de Tribies.

En 1838, le bâtiment était une filature artisanale de soie[1]. Le barrage et le moulin actuels ont été construits en 1845, détail donné par Numa Soulier (77 ans en 1866) fils du menuisier et neveu du meunier[2]. Au dessus du barrage maçonné, visible aujourd’hui, il existait un barrage en bois qui a été emporté par les eaux. On peut voir encore des trous taillés dans le rocher qui avaient reçu des poutres en bois à base carrée, placées verticalement. Ce vieux barrage permettait d’élever le niveau de l’eau à une hauteur de 2,50 à 3 mètres.

 

Disparition d’un canal d’irrigation.

Un canal recevait une partie de cette eau, qui servait à arroser les jardins des habitants de Tribies. Ce canal avait comme tracé, à peu près l’emplacement du chemin actuel. La fin de ce canal se terminait dans le gouffre du mas d’Avène[3]. Des crues successives ont démoli et comblé ce canal. Sur les conseils de son oncle, M. Bernard a creusé, au début de 1930, un puits au bas de la terre, à proximité du chemin, qui donne toute satisfaction. Dans le sable et les gravats, on a retrouvé des coquilles d’escargots et des morceaux de briques rouges que l’on fabriquait il y a 40 ans. Il est fort probable que le jardin de M. Bernard soit à cheval sur le vieux canal et que l’eau vienne du moulin de Tribies en suivant le fond du canal démoli.

 

Un moulin à blé.

Le moulin est déclaré démoli en 1889 puis transformé en moulin bladier[4], c’est-à-dire en moulin à blé, qui, avec ses meules en granit, servaient à produire de la farine.

En mai 1911, il y eut un empoisonnement de la farine, probablement par le plomb, ce dont plusieurs habitants furent victimes, notamment la mère de Mme Latapie, habitante centenaire de la commune, qui nous a donné cette information.

Il cessa ensuite de fonctionner, la production de farine s’arrêta alors. La famille Berrato, qui occupe le grand mas en face le mas des Aliziers, portait alors le blé, destiné à faire de la farine pour les cochons au moulin du Juge. Ce dernier appartenant à M. Laune, est resté en fonctionnement jusqu’à sa fermeture à la fin des années 60.

Le moulin servit ensuite à faire fonctionner une scierie pour un menuisier-ébéniste. À cette époque, il y avait une dérivation de l’Avène qui traversait le moulin pour faire tourner la roue à aubes. Grâce à un système de transformation de mouvement, elle entraînait une scie qui permettait de débiter les planches nécessaires pour la confection des travaux de menuiserie. Ce travail de menuiserie ne s’est pas transmis aux descendants et le moulin fut, par la suite, vendu à des particuliers.

En 1965, il est acheté par Maurice Saussine, alors maire de la commune, pour son bien propre. Il fait démonter les mécanismes et les meules en granit. Sa mort en 1969 stoppe la rénovation du moulin qui sera par la suite acheté par des particuliers, ce qui est toujours le cas. Le moulin fut ensuite vendu à M. Rogatier d’Alès et enfin à des Suisses et des Allemands.

De par sa position à proximité de l’Avène, le moulin a été fortement touché par les inondations. Il y avait 2,45 m d’eau à l’intérieur en 2002, elle arrivait au niveau du 1er étage et à 2,35 m en 2014. Le pont du moulin a d’ailleurs été refait en 1958.

 

Aujourd’hui, il ne reste que cette image de carte postale, qui fait que le moulin de Tribies appartient au petit patrimoine bâti de la commune.

[1] Les dates divergent sur la construction de cet atelier et sa fermeture annoncée en 1877, année où l’atelier est démoli et remplacé par le bâtiment actuel.

[2] Une grande partie des informations correspond aux notes trouvées dans les archives du docteur André Escalier (1894-1974), propriétaire du mas d’Avène. Ces notes remises par sa fille Micheline, ne retracent pas totalement l’histoire de ce vieux moulin et encore moins du hameau de Tribies, mais elles donnent quelques éléments historiques susceptibles d’intéresser les Saint-Hilairois.

[3] Ce dernier renseignement a été donné par l’oncle de monsieur Bernard.

[4] Celui qui achète du blé pour le revendre. Courtier en céréales, plus particulièrement en blé.