Sainte-Thérèse : histoire d’une chapelle rurale.

Modeste édifice religieux, la chapelle Sainte-Thérèse, située à la Jasse de Bernard, est caractéristique de ces petites églises érigées en milieu rural. Construite en 1934 sur un terrain offert par une paroissienne Mademoiselle Augusta Évesque, l’église Sainte Thérèse relève essentiellement de la volonté d’une forte personnalité : l’abbé Beau. Né en 1893 à la Grand’Combe, l’abbé Georges Beau, curé de Méjannes les Alès, prit également en charge la paroisse de Saint-Hilaire à partir de 1929 jusqu’à la nomination de l’abbé P. Domergue en 1936. Blessé au visage durant la Grande Guerre mais non défiguré, l’abbé Beau impressionnait par sa prestance, ses qualités oratoires et sa rigueur morale. Rares étaient ceux et celles qui se hasardaient à manquer le moindre cours de catéchisme. Ce curé affichait des idées traditionalistes de l’Église de son époque, notamment sur la condition féminine dans la société de l’époque. C’est pourtant cet ecclésiastique, peu enclin au féminisme, en accord avec sa hiérarchie, qui choisit d’honorer une femme en consacrant la chapelle à Sainte-Thérèse de Lisieux canonisée en 1925[1]. Sainte Thérèse bénéficiait d’une grande popularité auprès des poilus rescapés de la guerre 1914-18. L’abbé Beau, venant d’un milieu aisé, dû puiser dans son épargne personnelle pour financer les travaux et pallier la défaillance d’un mécène local Jules Mittard[2] qui s’était engagé à en financer la construction. La chapelle fut réalisée par l’entreprise Autajon, probablement à partir de plans élaborés par l’ingénieur Dumontier qui collaborait régulièrement avec cette entreprise de Méjannes les Alès. Cette dernière construisit de nombreux ponts, dont l’impressionnant pont des Abarines[3] en 1900. Sur Saint-Hilaire elle réalisa, au cours du XXème siècle, des ouvrages plus modestes comme l’école primaire de la Jasse et le premier pont du moulin du juge. C’est l’évêque de Nîmes, Monseigneur Jean Girbeau, qui procéda au baptême de la cloche Augusta[4]. Henri Autajon, alors âgé de 22 ans, garde un souvenir particulièrement cuisant de ce chantier, puisqu’en phase terminale des travaux, au moment de passer un dernier saut de mortier à son parent Gustave Dumas, qui fixait la croix du clocher, il fit un mauvais mouvement, perdit l’équilibre et dégringola tous les étages de l’échafaudage avant d’atterrir lourdement. Miraculeusement, il s’en tira avec une dent cassée et quelques contusions.

De nos jours, la chapelle de la Jasse accueille encore régulièrement des messes ou autres cérémonies religieuses.

[1] Elle est célèbre pour sa doctrine de la « petite voie », qui consiste à chercher la sainteté non par de grandes actions, mais par l’amour dans les petites choses du quotidien, avec humilité, confiance en Dieu et simplicité. Inconnue de son vivant, sa renommée et sa dévotion se sont répandues dans le monde entier après la publication posthume de ses écrits autobiographiques, sous le titre Histoire d’une âme. Ce livre, publié après sa mort, a eu une immense influence spirituelle dans le monde entier. Elle y décrit son cheminement intérieur, ses luttes, sa foi et sa vision de Dieu comme un Père plein de miséricorde. Elle est l’une des saintes les plus aimées dans l’Église catholique. Canonisée en 1925, elle a été proclamée Docteur de l’Église en 1997 par Jean-Paul II ; c’est l’une des rares femmes à avoir reçu ce titre.

[2] Voir le panneau d’interprétation sur le château de la Jasse.

[3] Pont qui enjambe le Gardon sur la commune de Mialet.

[4] Augusta vient du latin augustus, signifiant « vénérable » ou « sacré ». Ce terme était souvent associé à la Vierge Marie, sous des titres comme “Maria Augusta”, exprimant sa grandeur spirituelle. Nommer une cloche Augusta, comme c’est le cas dans plusieurs communes de France, peut donc évoquer un hommage à Marie, ou plus généralement souligner la solennité de sa vocation liturgique. A Sainte Hilaire, le choix d’Ausgusta, pour nommer la cloche, est certainement lié au prénom de la personnalité ayant donné une parcelle de terrain pour faire construire cet édifice religieux : Augusta Évesque.